Trop de temps sur nos écrans ?
En Suisse, les adultes passent en moyenne 2 h 30 par jour sur leur smartphone, un chiffre qui grimpe à 4 heures chez les 12-19 ans. Si les écrans font désormais partie intégrante de notre quotidien, une question se pose : à partir de quand leur usage devient-il problématique ?
Avec l’expertise de Niels Weber, psychologue-psychothérapeute spécialisé dans l’hyperconnectivité, nous faisons le point sur les risques d’une surconsommation d’écrans et les solutions pour reprendre le contrôle.
Addiction aux écrans ou hyperconnectivité ?
On parle souvent « d’addiction aux écrans », mais, selon Niels Weber, ce terme n’est pas toujours approprié.
Contrairement aux substances addictives, l’usage des écrans ne provoque pas de symptômes de manque sévères. Toutefois, les plateformes numériques ont développé des mécanismes de rétention puissants : notifications, défilement infini, recommandations personnalisées… Autant de stratégies pensées pour capter notre attention et nous faire rester en ligne plus longtemps.
Quand l'utilisation des écrans devient-elle problématique ?
Les écrans deviennent un problème lorsque leur usage entraîne une souffrance. Cette souffrance peut être :
- Personnelle : sentiment de culpabilité, procrastination excessive, manque de satisfaction après une session en ligne.
- Sociale : isolement, conflits familiaux ou sentiment d’absence de la part des proches.
- Physique : manque de sommeil, sédentarité excessive, fatigue visuelle.
Le vrai problème ? Ce n’est pas le temps passé devant un écran, mais ce qu’il nous empêche de faire. Lorsque l’on néglige des obligations scolaires, professionnelles ou personnelles, il est temps de réajuster son usage.
L'hyperconnectivité un symptôme d'un autre problème ?
Selon Niels Weber, l’usage excessif des écrans peut être une réponse à un stress ou une anxiété sous-jacente.
Imaginons un étudiant qui passe de longues heures sur les réseaux sociaux au lieu de réviser ses examens. Est-ce simplement l’attrait des plateformes qui le retient, ou cherche-t-il inconsciemment à fuir le stress lié à ses études ? Dans ce cas, l’écran devient un outil d’évitement, lui offrant un soulagement temporaire face à son anxiété. Toutefois, sur le long terme, cette habitude peut s’avérer contre-productive en compromettant sa préparation et ses résultats académiques.
Les répercussions de l'hyperconnectivité
Ses effets sont principalement indirects. Une position assise prolongée et le manque d’activité physique peuvent engendrer des impacts négatifs sur la santé. L’idéal serait de s’assurer d’avoir satisfait ses besoins essentiels – comme bouger, se nourrir ou accomplir ses responsabilités – avant de s’accorder du temps sur les écrans, que ce soit pour jouer ou naviguer sur les réseaux sociaux.
3 conseils pour reprendre le contrôle
- Fonctionner en équipe : se fixer des objectifs communs, au sein de sa famille ou de son couple. Cela permet d’avoir quelqu’un d’extérieur qui vient ramener à la réalité et évite la pression de devoir se limiter soi-même.
- Émettre une intention : choisir le moment où l’on se connecte et l’objectif que l’on poursuit. Par exemple : consulter les stories de ses amis ou s’informer sur l’actualité. En évitant les contenus recommandés, justement faits pour attirer la curiosité.
- Mettre un minuteur : La plupart des réseaux sociaux offrent la possibilité de bloquer momentanément leur accès au bout d’un temps donné.
Conclusion vers un usage équilibré des écrans
L’hyperconnectivité n’est pas une fatalité. L’objectif n’est pas de bannir les écrans, mais de les utiliser de façon plus consciente et équilibrée.
Le bon réflexe ? Vérifier que nos obligations et besoins essentiels passent avant le numérique. Et si ce n’est pas le cas, il est peut-être temps d’ajuster nos habitudes.
Pour aller plus loin : « Les écrans, je gère ! », Niels Weber, Éditions Magenta, 2023